Plus de bruissement de feuilles. Les bosquets sont à présent inertes. Les arbres millénaires ont arrêtés leur danse et le silence règne en maître.
Il est parti pour d'autres horizons. Souffler au loin, loin de la forêt. Les raies de lumière qui se faufilent entre les branchages ne sont plus altérés par les ballotements du vent. La caresse chaude et réconfortante de l'alizé n'est plus.
Le puissant parfum et l'opacité de la verdure l'a étouffé. Alors, en pleine nuit, il a doucement, secrètement glissé jusqu'à la lisière, près du récif. S'ébrouant de tout ce pollen, il a contemplé l'horizon, un sourire las et triste aux lèvres.
Puis, s'est jeté de la falaise...cap nord...
Je n'ai pas senti, depuis, le vent sur ma peau. Mon domaine est étrangement vide, calme. Tant d'espace et cette impression de vertige. Je ne sais pas si je le sentirais à nouveau. Et pour être honnête, j'appréhende son retour.
Coulis d'air glaciale de la toundra ou ardent et corrosif Zéphir, ma seule certitude est le changement que le voyage aura opéré. Car il a sa volonté propre. Des années à faire virevolter mes branches ne l'enchainera pas. Il se doit d'être libre, au risque de se perdre. Le prix à payer sera, peut-être, la froide morsure de son indifférence, à notre prochaine rencontre.
Vivement l'été.....