Les paupières mi-closes sous le soleil de plomb, la grande forme, immobile, semble figée. Autour d'elle, les couleurs éphémères dansent à l'unisson du chant perfide des sirènes.
La peau froide et usée par l'air marin, se soulève au rythme lent des respirations profondes du géant.
Sur la plage, son ombre tranche avec les paillettes dorées emportées par l'alizée.
Cette apparente langueur masque les torrents fiévreux de ses veines.
Monolithe d'un autre âge, relique d'une époque révolue, simple vigie à la nostalgie dévorante.
Spectateur de ce perpétuel mouvement, ce saurien soupèse ses actions. Point de précipitation. A dire vrai, il rechigne à la passion. Ce n'est que lorsque la coupe est pleine qu'éclate l'émotion. Tel un chaudron dont le couvercle frémit, au flamme régulière de l'indignation.
Autrefois plein de vigueur, il était le naïf, fidèle auditeur. Aujourd'hui, il est fatigué. Trop de fois il a misé son âme, inconscient inconséquent. Si lorsque vient le soir, il se pense plus sage, n'est en fait qu'enclin au désespoir.
xx/08/2014