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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 22:55

Message qui regroupe des textes écrits avant 2012. Bonne lecture:

Samedi 6 août 2011

Serein

Assis devant cette immensité bleutée, il respire calmement la brise matinale, chargé de l’odeur iodée de l’océan. Le silence précédent l’éveil de la ville l’entoure. Enfin, il est en paix avec lui-même. L’horizon bien que toujours indistinct semble pourtant chargé de promesse et d’espoir. Les éclats du jour zèbre déjà l’eau. Les vagues auparavant menaçantes sont désormais rayonnantes, traversées par la lumière qui se perd dans des milliers de reflets merveilleux. Les peurs de la nuit se sont évanouies. Unie, voilà la sensation qui entoure ce rêveur qui contemple le paysage qui s’offre à lui. L’immensité ne le terrifie plus. Son regard à beau se perdre, ses pensées, elles, sont bien fixées sur ce présent éphémère et pourtant unique.
Il lui aura fallu partir, quitter son confort pour commencer à saisir. Saisir quoi, il ne saurait le dire, peut-être simplement sa vie qu’il fuyait depuis si longtemps, la subissant comme un rocher endurant la marée, encore et encore. 
Les bruits du ressac l’apaisent. Il passe la main dans ce sable si fin, si doux. Tout ne sera pas facile, il le sait. Toutefois, il ne s’arrête plus à cela. La vie s’offre à lui, il est temps de l’embrasser, d’étreindre ces opportunités sans plus se sentir assaillit par l’obligation de marcher droit.
Le ciel chatoie de mille couleurs que l’aurore apporte en cadeau à ses yeux ébahis. Face à l’immensité il devrait se sentir petit mais seule l’envie d’en profiter le remplit. Le reste n’a pas d’importance.
Il ne sait toujours pas où il va, ni comment il y arrivera. Il sait que le découragement et la solitude l’étreindront au long de son périple mais à quoi bon s’en préoccuper. Les pieds à présent dans l’eau, il savoure juste l’instant. La vie est trop courte pour que l’on se soucie des périls à venir ; ils viendront quand ils viendront.
Le soleil est à présent sortie de sa cachette et la ville commence à s’éveiller. Tout comme lui, elle reprend vie. Elle commence une nouvelle journée, simplement. Le ciel sans nuages laisse la possibilité aux rêves de prendre leur essor. Bientôt les premiers baigneurs et vacanciers viendront profiter de leur journée sur la plage. D’habitude il aurait fui, à présent, il reste assis.

 

La vie ne l’effraie plus.

 

Vendredi 18 février 2011

Question de point de vue

Debout dans la nuit, seul dans cette plaine, éclairée par le halo de la lune caressant son visage, il se remémore. Quelle douce soirée. Paisible, tranquille, seul la mélodie de faune nocturne rythme le silence. Il se rappelle sa vie humaine, ce poids qui lui pesait sur les épaules. Cette charge dont il ne pouvait se défaire, qui le poursuivait comme une ombre. Comme cela contraste avec la sérénité qui règne en ces lieux. Etait-ce le fardeau de la mortalité, il ne saurait vraiment le dire. Il est lesté aujourd’hui encore mais sans commune mesure avec sa vie antérieure. Celle là était sous le joug de tant de norme, de loi, de codes à respecter. La nature, cruelle qui faisait ployer le corps et l’esprit, les autres qui tiraillait son éthique dans tous les sens, le temps , facétieux lutin amenant la nostalgie et le regrets. Pourtant, c’est là qu’il a pris son essor, qu’il a forgé dans les abîmes l’être qu’il est.

 

Son immortalité l’a affranchit de toutes ces chaines. En contrepartie, il ne fait plus parti de ce monde. En échappant à son fardeau, il s’est condamné à l’errance et à la solitude. Parfois, son cœur mort est serré à cette idée. Pourtant, il a ni plus ni moins eu ce qu’il voulait. Le voici libre de l’humanité. Le passé, le présent et le futur ne l’inquiète plus. Il n’a plus à prouver à qui que ce soit sa valeur. Les soucis quotidiens et d’avenir de l’Homme ne l’atteigne plus. Il s’est élevé plus haut. Le temps n’a plus d’impact sur lui, la richesse est devenu accessoire, se nourrir est devenu facile. Pourtant, plus encore qu’alors, son ombre le suit, le guette. Une légère brise s’est mise a soufflé sur la prairie et le grandement du tonnerre raisonne dans la vallée voisine. Son statut d’aujourd’hui justifiera-t-il tout ce de quoi il a du se séparer, seul les décennies le diront. Lorsqu’il aura vu le temps suivre son court imperturbable, impitoyable. Que des gens qu’il aura connu, aimé, ne restera que ses souvenirs, alors il saura.

 

Le vent souffle sur la plaine et les nuages viennent assombrir la nuit pour la plonger dans l’obscurité. La lune masquée, seul le néant entoure l’ombre qui se tient debout dans ce paysage aveugle. Un grondement, et sur sa peau glaciale, il sent quelques gouttes le frapper. Un sourire las se dessine sur son visage lisse, abrité du temps. Qu’importe là où il court, on ne peut se fuir très longtemps.

 

Mardi 15 février 2011

Bulshit

Il est tard et les rues sont silencieuses. L’air tiède des beaux jours s’installe déjà malgré la bise fraiche du soir. Je déambule dans les rues, je rentre plonger dans mes pensées. La pâle lueur des réverbère éclair ce chemin si connut, mes pieds comme possédés avancent seul sur cette route familière. Coupé du monde, je laisse mes yeux se poser ci et là, analyser le décor. Je lève les yeux vers le sommet de ces bas immeubles. Loin des lumières artificielles, les ténèbres recouvrent leur façade. Chambre éteinte, rue déserte je laisse des peurs enfantines me parcourir. Soudain, si petit, le monde me parait immense, écrasé par ce qui m’entoure, je perçois mon ignorance et l’absurdité de mes certitudes. Comme aspiré par ce pan de mur plongé dans l’obscurité, mon regard est bloqué sur ce détail qui m’avait toujours échappé. Comme un grain sable qui remet toute une machine en question, mon cerveau n’est plus sûr de rien, démuni, je suis comme nue le long de cette rue.

 

Tel un gamin face à face avec un univers infini, étranger, terrible, l’hypocrisie me saute au visage. Toutes ces belles assurances, ces apparences. Comme un voile qui tombe, les illusions disparaissent. Si la solitude est ma seule compagne, la réciproque n’est pas vraie. Tous, dans leurs carapaces, ils sont seuls. Désabusé, je m’arrête, le feu est vert. Les voitures démarrent lentement, comme ankylosées par le poids de la nuit. Au ralentit, je les sens filer. Les yeux fixés sur le bord du trottoir, je me demande, faut-il traverser. Ce pied doit-il passer devant l’autre. A quoi bon franchir cette limite. Marche de bitume, ultime limite. Le piéton passe au vert, mon âme s’enfuit, que reste-t-il de moi ?

 

Seul et agacé, je ne puis me calmer

 

Au sein de la nuit, je ne m’assoupis

 

En mon fort intérieur, la bête gémit

 

Je suis trop plein de tout ce fatras

 

Mais pourtant le formulé je ne puis.

 

A court de mots, à courts d’idées

 

Très doucement je m’enlise

 

Dans ce vice que j’ai toujours consommé

 

A l’état pur la fainéantise.

 

Seul il écrit, la nuit est tombé, pourtant, le sommeil le fuit, tel un damné il cherche son enfer. Frustré de tant d’incapacité, ses mains palpitent. Le front plissé, il ne peut tolérer que ce fruit défendu lui fût repris. Si fugace en fut le gout trop rapide le délice, seul l’amertume tapisse encore sa langue. Non, il ne peut l’accepter et en vain, il écrit, encore et encore. Comme un guerrier perdu dans la masse ennemie, il tranche, taille, estoc dans le futile espoir de toucher au but. L’énergie du désespoir est sa lame, et nul bouclier ne le protège. Mais seul le vent répond à son duel. Nulle trace de blessure, point de sang à porté de vue, seul ce grand fou, fouettant l’air de grands gestes excédés. Comme un rire à ses oreilles, le vente l’enveloppe, sardonique. Les yeux rougis, les mains sanglantes il se laisse choir, telle une pierre tombant au fond d’un lac, bruit sourd et soudain. Les dents qui crissent, le désespoir au fond de l’âme, une larme brulante le long de ses lèvres crispées il est vaincu. Ses entrailles en ébullition le déchire de l’intérieur, un rugissement profond le secoue, pourtant il reste muet. Figé dans son désespoir, nul paroles, nul reproche. Un seul coupable il le sait, plus profonde en est sa blessure.

Seul, genoux à terre, il attend.

 

 

 

  Dimanche 24 octobre 2010

La longue marche

J’ai marché, longuement, sans relâche. Marché dans la poussière et le sable. Dans ce néant infernal où le moindre mouvement vous arrache la peau, ou chaque respiration semble vous déchirer les poumons. J’ai bravé la fournaise et ses pièges buvant le peu d’eau que j’avais à disposition. J’étais seul dans ce désert, le cuir tanné, lézardé par le soleil. Je regardais le ciel et la course de cet astre cruel, plongeant vers l’oubli. Le pas trainant, j’ai poursuivis ma route, l’esprit embrumé de fatigue et de souffrance. Au creux de ma poitrine, un vide immense. Mon corps tout entier me hurlait sa soif, son manque d’eau. Alors, mon esprit se laissait dériver. Lentement, s’élevait au dessus des dunes le ressac de la mer. Je me rappelais sa douceur, l’embrun sur ma peau qui était à présent entièrement craquelée. La fraicheur du vent qu’elle m’apportait, m’enveloppant d’un doux bien être. Le goût salé de mes lèvres après le baiser de l’écume et de l’air iodé.

 

Mes yeux sec se mirent à me piquer, pourtant pas une larme ne sortirait, j’étais vide… et seul.

 

J’ai poursuivi ma marche, toujours tout droit. Petit à petit, le sable a laissé place à de la terre, la terre s’est couverte d’herbe. Progressivement autour de moi, la vie a repris. Peu à peu, je me suis retrouvé au cœur d’une cacophonie que je ne comprenais plus mais qui pourtant me changeait de la solitude. Le soleil moins intense commençait à devenir agréable, l’air respirable. Plus serein, j’avançais. Toujours à court d’eau cependant, la soif continuait de se faire sentir et avec elle, l’écho du ressac que je savais pourtant loin, semblait me poursuivre. La démarche gauche j’allais bon gré mal gré. Je profitais du doux vent à présent caressait mon visage. Tenaillé par la soif, je tentais malgré tout de profiter de ce nouveau paysage plein de promesses et de merveilles cachées. La vie continuait, j’avais passé le désert et la vie aujourd’hui s’ouvrait de nouveau à moi. Le chemin se perdait en tour et détour. Alors que mes pensées dérivaient, c’est plein d’horreur et d’émerveillement que le bruit de la mer resurgit d’un passé récent. Faisant resurgir à la surface cette soif latente, en l’exacerbant à son paroxysme.

 

Planté comme un piquet en haut de cette pente je contemple les vagues qui viennent lécher les rochers. En contrebas, la mer. Un point d’eau enfin. La revoilà. Les mains tremblantes, je commence à descendre. Comme la pente est douce. Mes pieds ont juste à se laisser porter par l’élan. Je suis déjà à mi-chemin, pourtant, un profond malaise m’envahit. Puis-je vraiment étancher ma soif avec cette eau, ne suis-je pas en danger si la mer monte. Mais en même temps je ne veux pas prendre le risque de la voir se perdre de nouveau au lointain. Pourtant, la mer est cruelle, déjà, je sais que la mer descend et qu’elle se reculera bien trop loin de moi. La soif est intense…soudain, tout ce paysage idyllique me semble insupportable, le vent souffle trop fort, trop froid, le soleil me brûle les yeux et le sable, le sable !

 

Je reste là, dans l’expectative et l’hésitation. Dans cette pente devant ma maudite tentatrice. Dois-je descendre ? Mes pas déjà remontent…

 

 

Samedi 28 août 2010

La fin d'une aventure

 

Abattue… Me voilà allongé sur la grève. Tout en contemplant les étoiles, je sens l’écume me lécher les pieds. Voilà plusieurs jours que je suis là, désemparé, rejeté par les flots. De mon radeau de fortune il ne reste plus rien. De mon expédition triomphante ne reste que quelques espoirs illusoires. Je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu mais je suis vaincu. Me revoilà, si proche de mon point de départ. Prenant appui sur mes mains, je relève le buste et tourne la tête sur ma gauche. Là, se dresse majestueuse, la forêt, ma forêt. A flanc de falaise dominant la plage. Elle n’a pas changé. Le vent m’amène les senteurs mélancoliques enivrantes et pourtant pleine d’un passé ou le désespoir règne avec la peur.

 

S’il est vrai que je me retrouve sur la même plage où il y a quelques années je prenais un nouveau départ, il serait pourtant erroné de dire que je reviens les bras ballants. Mon baluchon, si chétif à à mon envol se retrouve plein à craqué. De joie, de peine, de rire et de pleurs mais surtout d’enseignements. Voir peut-être d’une certaine sagesse.

 

J’entends le chant enivrant des arbres, et des êtres peuplant ce qui fut mon paradis, là bas sur cette falaise où les vagues viennent se fracasser. Pourtant, cette mélodie qui autrefois me faisait chaviré semble se heurter froidement à mon cœur de vagabond meurtri. Je me lève paresseusement. J’époussète le sable fin accroché à mes bras et planté face à l’immensité de l’océan, respire et contemple le halo de la lune se refléter sur la mer paisible. Tout en longeant la plage les yeux fixés sur ce même spectacle, je m’éloigne de la forêt et m’enfonce dans l’inconnue. Le bruit du ressac et le vent marin ramène à mon esprit les souvenirs brulants de ma vie sur les océans. Cette liberté, cette intimité, ces nouvelles sensations. Soudain en moi point un profond désarroi. Tout cela est perdu à jamais… non, pas perdu. Passé. Il me faut faire le deuil de tout cela et repartir de l’avant. Détournant le regard de cette splendeur bleuté, je fixe l’étendue infinie de sable au devant de moi. Sûrement en ai-je décidé ainsi…

Mercredi 23 juin 2010

Pwoutème

 

 

Sur cette lettre, ces quelques lignes

Mal calligraphier, ces traits maladroits

S’il ne t’émeuve pas, ne sont que pour toi

Passe tes doigts sur le papier et ne t’étonne pas

Si par hasard en suivant ces phrases tu t’égares

Mon esprit malade depuis longtemps s’en est allé

Dans les méandres de son cœur empoisonné

 

Sur l’enveloppe,  l’odeur de la mer salée

Souvenir d’un bonheur que les marées ont emporté

Dans ces mots une jeune fille au visage baignée par la lumière du jour

Quelques grain de sable, l’écho des vagues au couché du soleil

Dessinant gracieusement la plage, ses contours

A jamais perdu, mais empreint de mes larmes

Dans cette lettre subsiste, sans drame

Sans fard ni habillage, les bribes de mon amour

Qui te sont destiné pour toujours

 

Mercredi 23 juin 2010

Bloc de Glace

Tel un bloc de glace insensible aux heurts du temps, je traverse les âges de ma vie morose. Aujourd’hui, le vent souffle et la neige tombe, pourtant, ni froid ni joie ne m’étreignent. Comme un monument maussade, les grandes peines et les petits émerveillements passe sur moi tel un bénin courant d’air. Sans siller je vis, pourtant je recherche la sensation, tel un spéléologue au fin fond de la caverne, qui s’enfonce encore et encore dans l’espoir de trouver je ne sais quel trésor. Glacé, je souris au temps qui passe. Tel des braises éteintes, plus aucune chaleur ne m’étreint, seul parfois quelques étincelles. Adieu les grands feux et la fête. Seul le vide m’habite à présent. Un abysse insondable ou seul l’écho de ma vie grise et monotone résonne et s’élève jusqu’aux cieux de cette terre sèche et aride. Je ne suis pourtant plus seul, je suis même dans la période de ma vie ou je vois le plus de gens. Mais ma flamme semble m’avoir déserté. Tel un fantôme, j’erre au sein de ma propre existence, cherchant une nouvelle maison à hanter, un nouveau monde à vampiriser.

Si je suis insensible, mes doigts et mon imagination s’effrite, mon univers tombe en lambeaux et je ne peux que contempler ce spectacle, impuissant, et ne pouvant même pas pleurer tant mes yeux sont secs. Qui sait, peut-être est-ce un désespoir diffus et tenace, suis-je moi-même hanté, quel est donc cet état, je ne sais et pourtant je voudrais m’en défaire. J’ai tout pour être heureux, alors pourquoi est-ce que je reporte ma vie au lendemain, jour après jour, ne faisant qu’avancer dans une nappe de brouillard épaisse, persuader que l’aube pointera si j’avance encore d’avantage. Mais le soleil et sa lumière ne sont-ils pas déjà à coté de moi ? Attendrais-je d’être définitivement dans l’obscurité pour me retourner et sourire. Quelles étapes dois-je encore franchir pour me satisfaire de ce que je suis, de ce que j’ai accompli. Quelle montagne dois-je soulever pour enfin pouvoir me regarder avec fierté dans la glace.

Encore assis sur mon tabouret je ne peux que me contenter de sortir du trou.

 

 

 

Mercredi 23 juin 2010

Brisé

Brisé, milles éclats de verres brillent à la lueur blafarde de la lune, qui contemple paisiblement la grande plaine verdoyante. Eparpillés dans l’herbe, dispersés au gré du vent en une fine poussière, ils ne seront jamais rassemblés.

Seul, il marche dans ces sous bois ou la lueur de pleine lune éclaire le chemin. Il l’a vu, il en est sûr. Discret, presque imperceptible mais bien réel, Il était là se  faufilant entre les arbres, c’est sûr. Pourtant, cela fait plusieurs heures que cette poursuite dure, et le doutes ronge le cœur de ce marcheur égaré. En pénétrant ici, il savait ce qu’il cherchait, il croyait avoir un but au bout de ce chemin de terre. Seulement voilà, la pénombre l’a fait se perdre. Il est désormais seul, comme d’habitude mais cette fois, c’est différent. Nul repère, nulle canne pour s’appuyer. Ses jambes pour unique soutient, debout,  il marche dans cette fraicheur nocturne, ou l’air du soir tourbillonne et pénètre sous ses vêtements, le mordant de ses crocs de glace. Il croise les bras sur son torse pour se réchauffer et force l’allure. Il connaît ces bois, il y a déjà tant marché, rit, songé mélancoliquement. Aujourd’hui pourtant tout cela est loin. Ne reste que la voix inquiétante du vent qui résonne, le bruit des feuilles qui s’envolent, le son des branches qui craquent et le chant sinistre d’un oiseau de nuit.

Il lui semble reconnaître chaque recoin et pourtant, en s’en approchant, il ne se retrouve que plus perdu encore. Complètement déboussolé, imperceptiblement, il s’enfonce plus profond dans ce qui se dresse à présent comme une forêt. Plus loin, toujours plus profond… Désormais le ciel est sombre, les nuages, lentement dévorent la lune, petit à petit plongent le monde dans l’obscurité.

 

 

 

 

 

 

 

Mercredi 23 juin 2010

Petit Enfant

Il n’avait pas vu l’ambulance, pas anticipé la vitesse pas prévu de mourir si jeune. Le choc l’avait ébranlé dans tout son être. C’était pourtant un jour comme les autres. Il allait à l’école, le ciel était clair, la douleur dans sa poitrine toujours aussi vive. Il marchait le long des trottoirs, le dos courbé sous le poids de son sac dans lequel se trouvait tous les espoirs placés en lui et aussi tout ses échecs, si lourd à ses épaules d’enfants. Comme chaque jour il avait essuyé les railleries de ses camarades de manière passive et distante, tel une chouette qui observerait de manière perplexe les animaux de la forêt. La seule chose qui le rassurait et le sauvait était ce petit bout de tissus qu’il tenait toujours précieusement dans sa main, caché dans sa poche. En lui, des sentiments, de la chaleur, de la tendresse et quelque part, un peu d’amour, à travers les odeurs et la texture. Il l’humait souvent et la douce image de sa mère se dessinait dans la brume de ses pensée, le fumet des pommes de terres sautées emplissait alors ses narines. Le choc l’avait surpris, mélange de douleur et de stupeur, le laissant là sur le bitume, inerte, un léger sourire au coin des lèvres. Ses yeux mort avaient retrouvé leur innocence, ses traits retrouvaient leur pureté, débarrassé de tous ces problèmes de tous ce poids qui compressait ses intestins. Ses oreilles étaient de nouveau sourdes au monde, les cris des gens s’étaient éteint à tout jamais… plus jamais il n’entendra ses pleurs.

C’était un jour de novembre, un jour ou il faisait étrangement tiède, où une légère brise réchauffait les âmes en ces temps de glace. Sans papiers d’identité ni signe distinctif, seul restait de lui, un bout de chiffon, serré dans ses petits poings.

 

 

 

Mardi 2 février 2010

Morsure hivernale

Les mains dans les poches, il brave le froid, exhalant de la fumée. Les rues blanches brillent sous les rayons du pâle soleil hivernal. Aujourd’hui est le jour, le jour où tout a commencé. Vingt et un an passé à regarder le monde d’un œil amusé, parfois surpris, tendre et souvent désabusé et pourtant tellement naïf. Les rues sont paisibles, comme si le blanc manteau en enveloppant la ville avait apporté la chaleur aux cœurs secs des habitants. Pas de klaxon, pas de brouhaha, seulement ses pas qui claquent sur le bitume gris.  Au bout de la rue, il tournera a gauche et longera cette avenue qu’il a prit si souvent en passant devant ce marchand de jouet dont il se souvient si bien. Tout en marchant, il sent l’odeur de la boutique, peut presque palper les jouets.

 

Les portes ont cédées, la horde a pénétré dans la place, toutes armes dehors. Cadis, sac en plastique, porte monnaie brandis. L’odeur de neuf laisse la place à celle de la sueur et à celle de l’argent, du flouze, des copecks. Comme chaque année, rien ne sera épargné, ni femme ni enfant, ni père noël. La joyeuse anarchie de décembre. Au milieu des guirlandes resplendissantes, du grand sapin aux milliers d’éclats couleur argent, la masse informe et incolore de la foule qui s’agite. Cris et hurlement, bourrade et bousculade, trois petits tours et puis s’en vont. L’esprit de fête et l’argent, paradoxe attendrissant sur la nature humaine. Tel une vague, la cohue n’oubliera personne, elle submerge tout, l’un après l’autre, se répandant sans retenu ni limite.

 

Le sapin, les cadeaux, les enfants assis en tailleurs les yeux qui brillent, impatient de se lancer à l’attaque de leur graal, là devant leurs yeux. Le père film, la mère d’un pas lent rentre dans la pièce. Quelques rayons de soleil percent à travers les volets. S’ensuit une pluie de papier cadeaux. Ici, là des milliers de confettis

 

Mardi 2 février 2010

Forteresse

Seul… encore une fois, ce sentiment. Plus dérangeant, moins doux, plus agressif. Le voilà, féroce comme jamais, il n’a désormais rien à voir avec ce qu’il a put être. Là où une douce mélancolie me saisissait auparavant, seul reste un gout de cendre. Je me retourne en arrière, cherchant ce qui peut clocher dans le paysage que je contemple, cette forêt hanté qu’est ma vie mais je n’arrive à percer la brume et saisir l’origine de ce trouble. Mille et une pensées m’assaillent, supputation, hypothèses. Ma vie est en siège, prise en étau par des armés de questions, vêtue de leurs sombres armures, leurs épées acérées prêtent à me fendre en deux. Est-ce des peines du cœur ou alors le désert qui craquelle ma vie amicale ne fait que se dessécher plus encore. Ce grand château, bâti sur la solitude et un manque de foi en quoi que ce soit, oppose ses grandes murailles froides et grises au reste du monde. Imprenable, même son propriétaire s’y heurte parfois. Seul le vent, à sa guise furette dans les larges couloirs. Vide, c’est ce qui définit cet antre. Sombre, somptueuse, le froid seul y règne en maître.

 

 

 

Mercredi 23 septembre 2009

Océan

Incertain, il scrute l’horizon, obscurcit par d’épais nuage orageux. La pluie tombe depuis déjà plusieurs heure. La terre a disparue depuis… il ne saurait le dire, cela fait trop longtemps. Il vogue seul sur les flots tumultueux, en abandonnant tout ce qu’il avait. Pour seul bagage, son cœur qui bat, son nez qui hume l’air iodé, le vent qui fouette sa peau, l’eau qui frappe son visage. Cramponné au mat de ce radeau de fortune, fait de bric et de broc, fatras éparse retrouvé au quatre coin de ce qui fut son domaine, il trace son sillon. Les vagues se laissent apercevoir, les voilà qui arrivent. Monstre d’écume à la bouche baveuse et aux crocs acérés, mais cette fois encore, il est décidé à ne pas couler. Les choix qu’il a, il les connaît si bien, et déjà l’issu a été choisie. Allez tout droit, encore tout droit, sortir de cette fureur céleste. Rien n’est sûr, il est si petit face à la puissance souveraine de l’océan. Il le sait, le sent, cela l’exalte, le trouble. Le voilà son duel homérique, combat de l’impossible. Cette sève qui coule dans ses veines, ce qui fait battre son cœur, nourrit aux contes et aux histoires épiques. Il se voit, chevauchant à vive allure un fier destrier. Il fonce sur l’ennemi attendant le fracas final. Il connaît l’issue, il la sait fatale, inéluctable. Ainsi soit. Nulle route paisible en ce monde.

Il sait qu’au dessus des nuages règne le ciel bleu. Le soleil et sa lumière l’attende. Il ajuste la voile, augmente l’allure. Les vagues sont déjà si près, trop près. Se cramponnant, il lance un regard où se mêle défit et profonde mélancolie, un sourire triste et fataliste aux lèvres. Les vagues sont là.

Un instant d’éternité, le silence puis…

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