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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 23:21

 

Mercredi 17 septembre 2008

Ailleurs: 

Appuyé sur le battant de la porte fenêtre, je la regarde si grande, si haut, si lumineuse, éclairant de la ville de son œil unique. Il fait si doux dehors, la brise légère et suave glisse sur ma peau tiède. Les bruits de la vie nocturne de cette ville immense, cette mère nourricière, résonnent. L'heure n'est plus au travail, les tabliers sont rangés, pliés attendant une nouvelle aube, un nouveau jour poindre. L'heure est à la fête et au repos pour les plus studieux, les enseignes semblent morte, privé de leur resplendissante vitrine, les yeux clos sur cette rue déserte et sombre.

Mes pensées libres, le dos courbé par le poids du futur, rôdent dans cette espace de jeux magique et sinistre, qui brillent de mille feux et pourtant si froid. Elles contemplent ce que sera ma vie.

Appuyé à ma vitre, je suis au bord du gouffre. Ce monde pastel et plein de chaleur est révolu, balayé par le sérieux et l'étouffante réalité de la vie d'adulte. Et c'est sereinement, sans chagrin, juste une légère mélancolie que mon cœur l'accepte. Car le temps fait évoluer les choses. La vie elle-même change, ces êtres que j'aime ne sont pourtant à présent plus que des spectres me tourmentant sans cesse. Tous ces autres, incapables qui jugent sans savoir. Oh, comme ils se croient puissant et sur de ce que vous êtes, comme ils se pensent sage et savant. Peut-être croit-il faire preuve de charité, debout face à nous autres, désert de savoir, incapable parmi les incapables.

Si mon dos se courbe, si ma tête est lourde de ces idées sombre, nulle autre cause. Ce quotidien m'écrase. Telle des flèches acérées, ce jugement qui m'entoure constamment me transperce de toute par, brisant ce cœur si fragile.

Au bord de ce gouffre, juste un pas à faire, quelques centimètres à franchir et prit dans cette océan d'obligation je serais pourtant libre. Libre d'être ce que je suis, sans avoir à rendre de compte ou prouver ce que je suis à ces gens que j'aime. Je veux fuir, partir loin dans cette immensité de bitume et d'acier.

Adieu enfance, adieu innocence, adieu vie de chaines et de compassion putride. 


Bientôt; mon cœur l'espère, le désire à s'en bruler les ailes, écorchées par la vie.




Etreinte:

La chambre est baignée de la douce lumière matinale. Passant par la fenêtre sans rideaux, quelques rayons filtrent. Ce calme. C'est si bon, cette chaleur aussi. J'ouvre délicatement un œil afin de m'habituer à la luminosité naissante. Les oiseaux entament leur chant délicat. Je suis dans une pièce verte et jaune, je fixe le plafond et ouvre mon deuxième œil. Je suis bien. Recouvert par cette grande couette je suis heureux. Puis je sens cette main se poser sur moi, tendrement. Et une deuxième, des bras m'enserrent au niveau de la poitrine et un corps vient près du mien. Elle est réveillée. Je me sens soudainement plein d'une envie qui ne m'est pas familière. À la fois puissante et légère, brute et douce. Un instant j'hésite. Puis-je l'étreindre à mon tour ? L'envie m'en brûle le cœur. Passant outre, je place mes bras autour de ses épaules. Elle sourit.

Le calme ponctué du chant des oiseaux nous berce. Je suis bien, tellement bien. J'entends son souffle et sent sa poitrine se soulever et s'abaisser à chaque respiration, parfois même, je pense entendre son cœur battre. J'ai envie de la serrer plus encore, envie de la sentir près de moi, je sais qu'elle cèderait. Pourtant… pourtant les pensées soudainement m'envahissent. Elles brouillent ce calme et cette sérénité. Le doute me point le ventre là où le bonheur irradiait précédemment. J'essaye de ne pas céder sous le flot d'interrogations et pourtant je sais que je dois écouter ce que me demande ma conscience. Je suis entrainé par cet océan incontrôlable. Ai-je le droit d'aller plus loin encore ? Augmenter mon étreinte, me rapprocher plus encore d'elle ? N'est-ce pas déjà assez ambigu ? Est-ce que je veux vraiment recommencer et répéter les erreurs passées ? Suis-je sûr de ce que je ressens et de mes sentiments ?

À contrecœur, mon bras reste immobile, mon corps inerte. Je la laisse, elle, tenter son approche. Mes membres plombés par les interrogations ne bougent pas. Je ne connais pas toutes les réponses à ces questions, mais le temps m'a appris la prudence. Obéissant, je profite simplement de l'instant actuel voué à ne pas évoluer.

Je suis ce chaudron en ébullition condamné à ne jamais déborder.

À son tour elle ouvre les yeux puis tendrement me murmure à l'oreille. Je souris. La chambre est maintenant totalement éclairée par le soleil, le jaune des murs reflète ses rayons. Doucement, les draps bougent et elle se lève rompant ce contact magique, je la sens partir. Je voudrais la retenir et pourtant, ma bouche reste close et mes bras sans vie. J'entends la porte s'ouvrir et se refermer, puis quelques instants plus tard, la douche juste à côté se mettre en route. Je souris, dans l'attente de son retour…




Bâtir:


Le ciel est si gris… L'horizon ne brille plus. Les flammes se sont éteintes, nulle lumière devant moi. La chaleur alentour se dissipe peu à peu. Le froid familier caresse ma peau, la brise légère s'engouffre dans mon T-shirt.

Les rues sont grises, les immeubles fatigués sont pareils à des vieillards, courbant le dos. Si l'on regarde bien, on les verrait presque expirer ce souffle rauque, usé par le temps. Comme des silex ayant traversés les âges, se frottant entre eux. Les ombres grises des passants déteignent sur le sol triste et lessivé par le temps. Les oiseaux ne chantent plus, seul le ronronnement lugubre de voiture s'élève dans l'air lourd emplis de tous ces quotidiens d'anonymes. Pas à pas, pesamment, mes chaussures avancent, mes pieds guident malgré eux ce mouvement, mon corps se déplace comme s'il prenait son indépendance, poussé par l'inéluctable.

Ce monde semble bancale, ma vie sans but. Quel univers si flou. Tout a sa place, tout est ordonné et a une fonction, tout a un but, tout a un objectif, tout est pensé pour avoir une utilité et une finalité, tout s'imbrique.

Comme un étranger sur le quai de la gare, je regarde cette inquiétante machine s'emboiter, prendre de la vitesse. Si rien ne vous pousse, si aucun but n'est fixé, si au loin rien ne vous attend, à quoi bon avancer. Ces choses importantes pour le monde, en quoi cela vous regarde-t-il si vous n'avez rien à perdre, rien à attendre. Seul la vie, dans son immensité vous regarde, vous toise et vous attend l'air malicieux.

Vous est-il déjà arrivé de tout miser sur la même chose. Allumer un phare dans la nuit pour être sûr d'arriver quelque part. Poussé par l'envie de vivre passionnément, ne se raccrocher qu'à la seule chose qui vous apporte ce réconfort apaisant, si rare. Ne vivre que pour cela. Seul édifice pour lequel se consacrer, en faire la plus belle des merveilles. Est-ce que vous aussi vous avez déjà eu l'envie d'y croire, de faire tourner cette vie incohérente autour de cet édifice qui seul vous apporte la paix. Pierre après pierre, face au vent, face au temps, bâtir ce refuge du cœur et de l'âme ou le réconfort  dort. Sans s'en rendre compte, devenir une partie de la maison, tout doucement dans la routine sentir ce parfum familier. Petit à petit vivre pour prolonger le rêve sans s'en rendre compte. Finir par oublier que la maison n'est fait que de pierre et qu'à tout moment un ouragan peut la détruire, que dans ce monde si gris tout ne tien qu'à un fil. Que cette vie si durement domptée afin de revoir les couleurs du ciel peu sombré dans les ténèbres en quelques instants. Que ce centre de gravité peut se briser. Tant de bonheur, tant de temps pour bâtir, à peine une seconde et seul reste des ruines. Seul dans le maelstrom. Un égaré perdu sur le champ de bataille. Un monde qui s'écroule, la poussière qui s'envole à l'approche de la brise.

 

 

 

Les nuages se dissipent. Par la fenêtre entrouverte, les rayons caressent ma peau. Je laisse mes yeux se perdre dans le bleu éclatant du ciel. Sa main dans mes cheveux, mon cœur frémit, je souris.



Poème d'une trahison 


Si j'écris ce soir, c'est pour clamer ma rancœur

Contre cette fausse amie qui se disait ma sœur

Au jour d'aujourd'hui je me sens trahi

Un homme en perdition complètement sali

 

Toute mon affection je t'ai donné

En guise de récompense me voilà blessé

Rampant par terre, essayant de panser ma blessure

Mais rien n'arrive à effacer entièrement cette injure

 

Un instrument poussièreux jeté aux ordures

Ainsi, me voilà dans cette imposture

Comme tant d'autres tu m'as troqué contre ton bonheur

Sans te soucier de mon cœur et de mes pleurs.

 

Je suis debout,  face à ton indifférence

Comme un inconnu qui t'aurait fait offense

Un poignard glacé un plein cœur

Déchirant le voile sombre de mes leurres.

 

Sachant que mes larmes ne t'atteindront jamais

Je tâche de relever la tête en me montrant fort.

J'essaye d'oublier qu'un jour je t'aimais

Et retourne dans les jours gris et morts.

 

 


Le chevalier:

 


Qui ne s'est jamais imaginé plus que ce qu'il n'était ? Qui ne s'est jamais extirpé de cette réalité terne pour se projeter dans un monde imaginaire haut en couleur où chaque émotion aurait sa place et son aspect ? Chaque détail invisible aux yeux de ces autres deviendrait des phares dans la nuit. Tout le monde a au fond de soit ses petits mondes.

 

Le paysage est commun. De grandes plaines vertes à pertes de vue. Un soleil couleur sang qui se couche. S'écroulant comme blessé à mort. Le vent souffle, chassant les nuages. Dans ce tableau une silhouette au contour indistinct se dessine. Affublé d'un heaume et d'une armure, il ressemble à un guerrier.

Fixant l'horizon, il ressent… Il ressent ce vent mélancolique. Cette mélancolie si douce qui le berce et l'accueil en son sein quand vient la nuit. Elle chasse les nuages du nord quand l'orage gronde.

 

Humant l'air à pleines narines, il desserre ses poings. Le voilà désarmé. S'offrant  aux éléments dans une parfaite communion. Son bouclier gisant par terre reflète la lumière rosée de l'astre couchant, le faisant briller d'une lumière maléfique. Ce bouclier derrière Il se réfugie quand la vie le malmène, quand le danger est trop grand. Cette protection, il l'a forgé durant de longue année. Fait de fainéantise et de flemmardise, parfaite protection derrière laquelle se retrancher quand tout se complique. Et pourtant, il n'existe pas de protection sans faille. L'imperméabilité de cette dernière a souvent jouée des tours à son chevalier, le coupant totalement du combat qu'il livrait ou le mettant au pied du mur.

 

Contemplant toujours le couché de soleil, le Chevalier s'assoit. Son armure lui pèse. Elle qui pourtant est fait de sa légèreté d'esprit, sa façon de prendre les évènement avec une douce indifférence, son dernier rempart. C'est un chevalier blindé qui se trouve là. Tant de précaution pour protéger un cœur faible et sec, gangrené par la timidité et son amie la lâcheté. Cet homme n'a de Preux Chevalier que le nom en réalité. Sa seule arme offensive n'est qu'une vielle épée rouillée et mal aiguisée… Fut-elle tranchante un jour ? Née de taquinerie lourdes et de répartie faiblarde. Inutile en somme.

 

Il est là pour un moment d'oublie. Un instant de bonheur. Lui aussi, comme tout le monde, il a besoin de se ressourcer, de se retrouver dans cette guerre permanente.

Les derniers rayons de soleil s'enfuient, laissant place à la glaciale lune et ses compagnes les étoiles. Il se relève. Une silhouette semblable à un cheval l'attend au loin. Se perdant dans l'immensité verte il enfourche son cheval. Assit sur la selle, il jette un dernier regard contemplatif en arrière, puis d'un coup d'éperon, s'enfuit, laissant les sombres nuages envahir le ciel naguère baigné de lumière.

 

 


Voyage:


Les yeux dans le vague, comme perdu dans une contrée lointaine, votre regard glisse sur lui avec exaspération. Assis à côté de vous, il ne parle pas depuis le début du trajet. Il vous énerve. Même si au fond cela vous est égal, ce n'est qu'une connaissance, ce n'est pas comme s'il était plus qu'une distraction d'un instant. Mais êtes-vous si ennuyeux  pour qu'il soit si impassible ?

La raison semble réinvestir son regard. Un très léger sursaut et le voilà qui tourne la tête, analysant les gens dans le wagon. Cette fois, c'est son regard qui passe sur vous. Il se plante dans vos yeux durant un instant, un mystérieux sourire se dessine faiblement sur ses lèvres. Son regard devient incertain, ses lèvres tressaillent comme dans une tentative désespérée d'expulser des mots puis, redeviennent immobiles, comme mortes. Pendant quelques minutes son regard fuit. N'arrivant plus à se fixer sur quoi que ce soit, comme s'il était à la recherche de quelque chose de caché.

Après cette gymnastique, enfin, le regard s'immobilise et sombre à son tour. Cette étincelle qui l'avait investi quelques minutes auparavant s'éteint. De nouveaux, le voilà, parti.

 

Vous soupirez.

 

Ne le jugez pas. S'il est silencieux ce n'est pas par mépris ou dédain. Si le silence l'enveloppe c'est qu'il n'a rien à dire, simplement. Cela le dérange peut-être plus que vous-même. Ses lèvres aimeraient s'animer, vibrer. Si elles ne le font pas ce n'est pas à cause d'un quelconque complexe. Le seul fardeau qui pourrait le rendre muet serait un jugement hâtif sur sa personnalité. Le lourd poids de votre regard exprimant votre dédain voluptueux ou votre froide condescendance.

 

La sonnerie signalant la fermeture des portes retentit. Sortant de sa transe, il se lève prestement, vous lance un dernier regard en chuchotant un « au revoir », esquisse un sourire et sort.

 

Avec soulagement, vous replacez les écouteurs sur vos oreilles, le métro redémarre…

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